Le phytomanagement : une seconde vie pour les friches
Résumé
[2:51] Notre rencontre-conférence sur le phytomanagement avait pour but d'informer sur les actions en cours en Wallonie et de renforcer les initiatives à mettre en place.
Le phytomanagement est une des solution dont on dispose pour réhabiliter 10 000 ha de friches en Wallonie. Les différents avantages sont :
- économiques : revalorisation des terrains vacants pour y accueillir des activités créatrices de valeur économique ;
- environnementaux : pour remédier à la chute de la biodiversité ;
- sociétaux : via l’intégration des sols pollués dans des projets d’aménagements sans procéder à l’excavation et la mise en décharge systématique de terres contaminées.
Le phytomanagement peut-être utilisé sur des terrains agricoles comme sur des sites marginaux. Il fera office de couverture végétale sur le sol qui aura plusieurs fonctions. Les plantes ont un impact sur la biodiversité, mais aussi sur les polluants au travers différents processus :
- la stabilisation des polluants ;
- l'accumulation des polluants ;
- la dégradation des polluants.
De plus, dans certains cas de figure, les végétaux peuvent être utilisés pour constituer de la biomasse. Cela permet de diminuer la pression agricole qui est de plus en plus présente dans le monde. Cette valorisation de biomasse permet donc de créer de la valeur économique.
[16:25] L’ASBL Valbiom travaille sur toutes ces possibilités de valorisation de biomasse dans différents secteurs comme les matériaux de construction ou encore dans la chimie moléculaire.
Valbiom propose un accompagnement pour tendre vers de l'économie circulaire. Il s’agira d’abord de réfléchir au meilleur endroit pour produire cette biomasse (généralement, ce sera en zone agricole). Mais comme Valbiom est consciente du conflit qui existe entre « alimentaire » et « production non alimentaire », elle explore à présent de plus en plus l'option des friches industrielles.
[21:44] Le projet Ecosol, lui, s’inscrit dans la thématique du phytomanagement en utilisant des plantes pour donner de la valeur aux friches. Le postulat de départ de l’expérience est la production, dans les plantes, de molécules potentiellement valorisables lorsqu’elles sont soumises à un stress (sècheresse, pollution…).
Cinq laboratoires de l’ULiège ( InBios (Integrative Biological Sciences), CART, BIOSE, CARE Agriculture is life et CIRM (Centre Interdisciplinaire de Recherche sur le Médicament), sont impliqués dans Ecosol pour tester la production de molécules qui serviront à l’industrie pharmaceutique.
Leur projet pilote se trouve à Sambreville sur la friche d’Auvelais qui est très polluée en métaux lourds et en polluants organiques.
Avec ce projet-pilote, l’équipe voulait voir dans quelle mesure elle serait capable de mettre en place un phytomanagement avant, pendant et après les travaux d’assainissement par la SPAQUE.
Ils ont utilisé le colza comme espèce de plante sur cette friche. La plante est bien connue et tolérante aux métaux lourds. Dans le cadre du projet Ecosol, c’est dans les secteurs pharmaceutique et cosmétique que le colza pouvait être utilisé.
Le résultat du test de plantation s'est avéré positif, le colza s’est développé normalement avec une production de graines.
L’intérêt des chercheurs était d’analyser la production de molécules. Malgré la diminution de biomasse, l'objectif a été rempli par rapport à la production sur un sol agricole sain.
Les recherches se poursuivront jusqu’à la fin du financement du projet (2022) pour cibler la caractérisation des molécules valorisables.
[34:24] Un deuxième projet concret mené sur le terrain est le projet Wallphy. L’objectif était :
- Améliorer les connaissances dans le phytomanagement pour élargir l’offre de modes de gestion et de valorisation de sites marginaux.
- Appliquer la phytostabillisation des sites contaminés.
- Contribuer au développement durable grâce à une réflexion sur l’utilisation de la biomasse produite dans une logique d’économie circulaire.
Voici l’explication en images.
Une conclusion s’impose : le frein principal est l’accès technique et administratif à ces friches.
C’est dans ce cadre que le projet « New-C-Land » va permettre de faire matcher les propriétaires de sites marginaux avec des projets de phytomanagement qui s'avère bien être une alternative à la reconversion des friches via :
- Une opportunité de valorisation de zones délaissées
- La gestion de la qualité du sol et des eaux
- La préservation de la biodiversité et les fonctions du sol
- La biomasse, une ressource aux multiples débouchés
Retrouvez ci-dessous le replay et les slides de la rencontre :
Le phytomanagement : une seconde vie pour les friches | LIEGE CREATIVE, 27.05.2021Annonce
Dans un contexte de réduction de l’artificialisation des terres et de la compétition croissante pour l'affectation des sols à différents usages (habitat, agro-alimentaire, biomasse et biodiversité), la reconversion des friches est cruciale du point de vue économique, environnemental et social. De par son riche passé industriel, les friches en Wallonie sont nombreuses, elles représentent 1,3% du territoire.
Le phytomanagement propose une gestion durable de ces sites dégradés pour être en phase avec les enjeux actuels (le réchauffement climatique, l’effondrement de biodiversité et le développement d’une économie durable et circulaire). Celui-ci comprend trois aspects principaux ; la phytoremédiation, la valorisation de la biomasse et l’embellissement du paysage. En effet, les espèces végétales ont à la fois un impact sur les fonctions du sol (pollution, matière organique, etc) mais aussi sur la biodiversité. Elles peuvent être valorisées au travers d’une économie biobasée (bioénergie, écomatériaux et chimie verte) après leur récolte.
A Seraing, les friches sont particulièrement polluées. Elles sont donc un terrain d’expérimentation et d’exploitation propice à ce processus.
Cette rencontre-conférence aura pour objectif d’informer sur la notion de phytomanagement et d’identifier les entreprises susceptibles d’utiliser les matériaux ou molécules biosourcés comme matières premières.
Dr. Cécile Nouet, chercheuse en biologie (InBioS, ULiège) présentera le projet FEDER ECOSOL. Il a pour objectif de redonner de la valeur aux terrains pollués en cultivant des espèces végétales tolérantes à la pollution afin de produire des molécules valorisables dans différents secteurs. Les résultats des essais expérimentaux seront présentés.
Dr. Aricia Evlard, Cheffe de projet Production de biomasse chez ValBiom asbl, présentera, au travers de cas concrets, les actions menées dans le cadre du projet Interreg New-C-Land dont l’objectif est de dynamiser l’opérationnalisation du phytomanagement par les acteurs territoriaux.
Les perspectives d’un déploiement du concept en Wallonie seront discutées au regard de l’expérience accumulée par ULiège et ValBiom ces 10 dernières années.
Cette rencontre-conférence sera aussi l’occasion, nous l’espérons, de voir cette gestion des sols comme une belle opportunité dans la mise en œuvre du master plan urbanistique à Seraing.
Le lien pour accéder à la conférence vous sera communiqué quelques jours avant l'événement.