La mixité fonctionnelle, vecteur d'innovation pour le développement urbain

Pour débuter cette rencontre, Constance Uyttebrouck, post-doctorante à la KU Leuven, nous a introduit au concept de la mixité fonctionnelle ; il s’agit d’un principe d’intégration de divers usages dans des zones bien connectées. Des liens directs et indirects existent entre la mixité logement-travail et la flexibilité du travail, l’économie de la connaissance, le développement urbain, l’offre de logement…

Lors de son exposé, Constance Uyttebrouck a soulevé les avantages de la mixité (qualité du cadre bâti, développement économique…) mais aussi les risques (ségrégation, gentrification…), les difficultés (marchés organisés par fonction, division de propriétés complexe…) et les incertitudes (besoin de nouveaux acteurs, instruments et modes de gouvernance) liées à celle-ci.

[07:15] Elle nous ensuite expliqué comment la mixité fonctionnelle était mise en œuvre dans les villes d’Amsterdam, Bruxelles et Stockholm (toutes 3 étudiées dans le cadre de sa thèse réalisée au LEPUR - ULiège) et nous a présenté l’historique de ces villes, en termes de développement et de planification urbaine. Elle les a également comparées au niveau de leur discours, des acteurs et de la gouvernance. Elle a souligné que, pour toutes, le logement joue un rôle important dans le développement économique et que les directions prises en matière de projets mixtes sont différentes dans chaque ville.

Constance Uyttebrouck s’est concentrée sur les projets mixtes dans des zones ciblées et nous a parlé des différents acteurs (soutien public, secteur privé, Maître Architecte…) et instruments (sur mesure ou existants) dont le choix varient en fonction des projets. Aussi, elle privilégie une collaboration précoce à un consensus qui, bien qu’il soit attractif, peut mener à des divergences quant au type de mixité et créer des difficultés à atteindre une planification effective.

[23:57] Après un exemple de projet innovant à Stockholm, Constance Uyttebrouck a conclu son intervention en rappelant quelques points importants dont :

• La collaboration étroite entre acteurs public (rôle entrepreneurial et capacité de gouvernance) et privé (rôle stratégique mais focus sur le logement) ;
• Le logement comme vecteur de réduction des risques ;
• La localisation des projets mixtes dans des zones spécifiques versus les capacités de gouvernance, les contextes économique et de planification spécifiques.

Elle a également insisté sur le fait que, dans tous les projets, il manque aujourd’hui de nouveaux acteurs et outils qui pourraient réduire les incertitudes et stimuler l’innovation.

[29:26] Géraldine Lacasse, architecte et urbaniste, membre de l’équipe du Bouwmeester (Maître Architecte) de Bruxelles, a débuté son intervention en nous rappelant l’origine de la fonction du Bouwmeester ainsi que sa mission : stimuler, par différents moyens, la qualité spatiale (architecture mais aussi urbanisme, aménagement…) des projets urbains à Bruxelles, depuis une position indépendante.

Les concours sont l’outil principalement utilisé par le Bouwmeester car ils permettent de sélectionner le projet qui propose la meilleure réponse à la problématique posée. Ils sont également un lieu d’exploration de différentes solutions pour un espace donné. Les développeurs et promoteurs privés y participent et c’est intéressant de les y inclure car ils sont souvent réticents à développer des projets mixtes, étant spécialisés dans un secteur.

[36:52] Le Bouwmeester travaille sur plusieurs thématiques mais c’est celle de la ville productive qui nous a intéressés, aujourd’hui. Il s’agit de maintenir, en ville, une activité productive pour avoir une économie diversifiée et résiliente. Les activités économiques étant souvent reléguées dans la périphérie, c’est un défi de les intégrer au niveau urbain.

Géraldine Lacasse a soulevé deux constats : les activités économiques connaissent une diminution importante à Bruxelles et ces activités ne sont pas présentes dans les projets des grandes villes européennes. Certains types d’activités ne sont pas faciles à installer en zone urbaine (car amenant saletés et nuisances et demandant plus de m²) mais pour qu’une ville soit complète au niveau de ses activités, il faut aussi leur faire une place.

Elle nous a ensuite présenté une des solutions au problème du boom démographique et de la pénurie de logement à Bruxelles : la Zone d’entreprise en milieu urbain (ZEMU), qui permet d’introduire du logement tout en gardant la fonction économique. Elle a aussi mis l’accent sur le Plan canal, mis au point en 2011-2012, qui rassemble une équipe provenant de différents organismes bruxellois.

[57:31] Pour conclure, Géraldine Lacasse nous a montré plusieurs projets de mixité fonctionnelle exemplaires et innovants sur Bruxelles. L’enjeu du Bouwmeester et de son équipe est aujourd’hui de reconvertir les quartiers monofonctionnels et les bureaux en mixtes.
Vous pouvez voir ici la publication Bruxelles Productive City.

Retrouvez ci-dessous le replay et les slides de la conférence :