Orateur(s)
Paul Malumba Professeur (Gembloux Agro-Bio Tech, ULiège)
Cécile Fontaine Chef de Projet Economie Circulaire (Wagralim)
Tomé Andrade Co-Founder (Nextgrain)

La valorisation des coproduits agroalimentaires et ses défis

    Résumé

    Cécile Fontaine, Chef de Projet Economie Circulaire au sein de Wagralim a démarré la rencontre-conférence en présentant Wagralim, un des 6 pôles de compétitivité en Wallonie et en relevant trois constats. Le premier constat est que la Wallonie a un gisement conséquent en matière de valorisation des coproduits mais celui-ci est dispersé. Deuxième constat, il faut distinguer la PME génératrice de coproduits et la PME valorisatrice de coproduits. Troisième constat, il y a beaucoup d’enjeux en termes de : stabilisation du produit, logistique (stockage & transport), traçabilité, nouveaux business modèles, process circulaire, acceptation pour le consommateur.  

    Dans ce contexte, le projet Waloval a démarré en réalisant un inventaire des coproduits peu ou non valorisés issus de l’industrie agroalimentaire wallonne. De celui-ci, les parties prenantes ont décidé de s’axer sur 4 coproduits : le son de blé, le tourteau de colza, la drêche de brasserie et le marc de pommes ou de poires. De plus, le projet Waloval a mené une étude bibliographique de stabilisation/valorisation de coproduits issus des quatre filières agroalimentaires wallonnes et a réalisé des tests de préfaisabilité en laboratoire en partenariat avec Gembloux ULiège et Celabor. Le projet Waloval a également travaillé sur les freins réglementaires et sur les libertés d’exploitation (brevet) en vérifiant que la technologie utilisée n’a pas déjà été déposée sous forme de brevet. Ce projet a également mené des études de faisabilité commerciale BtoB et des études de marché auprès de potentiels utilisateurs. Elles ont relevé de l’intérêt pour : les fibres qui augmentent les nutriscores​, les substituts aux œufs et les ingrédients gluten free. Actuellement, le projet Waloval qui se terme en août 2025 se questionne aussi en matière de logistique et de nouveaux business modèle. Concernant les soutiens financiers, Wagralim a remporté le projet européen B-Résilient qui permet de financer des projets tels que le projet autour du marc de pommes mené par Next Grain, E.V.H. (Exploitation de Vergers Hesbignons) et Ecopoon.

    Paul Malumba Professeur à Gembloux Agro-Bio Tech à l’ULiège a poursuivi en présentant les recherches menées sur les 4 coproduits ciblés dans le cadre du projet Waloval. Il a débuté sa présentation en évoquant que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. Dans un cadre théorique, il est important de distinguer 3 aspects : les déchets (résidu de transformation qui ne peut être revalorisé en alimentation), les sous-produits (résidu produit de manière non intentionnelle pouvant être utilisé en tant que matière première) et les coproduits (matière créée de manière intentionnelle et inévitable au cours du processus de fabrication d’un produit principal). Les défis de la valorisation sont nombreux et passent notamment par le fractionnement macroscopique et microscopique. Dans ce contexte, il faut penser la valorisation des coproduits dès le processus primaire de transformation. Si on veut aller plus loin en termes de valorisation, il faut travailler sur des fractionnements à l’échelle moléculaire en valorisant via des procédés enzymatiques et fermenteurs. Un deuxième défi porte sur la fonctionnalisation. Dans ce cadre, Paul Malumba a mené un projet ayant pour objectif global de démontrer le potentiel de valorisation des tourteaux de colza comme substrat dans la production de lipase et comme objectifs spécifiques de montrer l’effet de la filière d’approvisionnement de Tourteaux et d’évaluer différents scenarii de pré-traitements (pré-centrifugation ou non). Le troisième défi porte sur la formulation. Paul Malumba a aussi mis en avant le développement des chaînes de valeurs avec comme point d’attention, la stabilisation et la collecte. Il a conclu en présentant FoodIsLife, une plateforme technologique de Gembloux Agro-Bio Tech- qui développe diverses expertises en matière de valorisation des bioressources.

    Tomé Andrade, Co-Founder de Nextgrain Belgium, une start-up créée il y a deux ans qui valorise les déchets alimentaires pour créer des farines innovantes et durables. L’entreprise a démarré sa production avec les drêches de brasserie et puis a poursuivi avec le marc de pomme. Tout comme Cécile Fontaine, il souligne de nombreux défis :  les aspects logistiques (stabilisation et distance), l’opérationnalisation, le marché, le prix, les aspects légaux et la psychologie du consommateur. Il attire l’attention sur le fait que l’économie circulaire sera viable si les autorités pensent la circularité sous forme de chaîne de valeur et non pas uniquement d’aides au démarrage. L’exemple à suivre serait certainement de créer des marchés publics avec comme critères d’attribution des produits durables. Tomé Andrade a ensuite présenté un projet sur le marc de pommes mené dans le cadre de B-Résilient avec le soutien de Wagralim. Ce projet est constitué avec de multiples parties prenantes : E.V.H. (Exploitation de Vergers Hesbignons) pour la partie production, NextGrain pour la partie transformation et Ecopoon pour la partie commercialisation. Ce projet démontre que la valorisation de coproduits doit se faire dans une chaîne de valeur viable. Il a ensuite poursuivi en évoquant les différentes perspectives d’avenir tels que la valorisation d’autres coproduits, la diversification des produits dérivés, la viabilité de l’économie circulaire, ... Sa présentation s’est clôturée avec la phrase suivante : “Dans l’économie circulaire, il n’y a pas de déchets, seulement des ressources mal exploitées. Il est temps de changer notre regard pour transformer ces défis en opportunités”.

     

     

    Les entreprises agroalimentaires font face à de plus en plus de challenges : hausse des coûts de production, pression sur l'approvisionnement, augmentation des contraintes réglementaires, changement climatique… Tous ces changements poussent les entreprises à trouver de nouvelles manières de travailler et d'innover.

    Dans le contexte actuel, il est, dès lors, crucial pour les entreprises de travailler sur la valorisation de leurs coproduits. Mais cela implique pour elles de se pencher sur plusieurs questions : vers quelle filière peut-on valoriser ses coproduits et quels seront les impacts de chaque filière ? Comment gérer la stabilisation et la transformation de son coproduit ? Quelles sont les principales contraintes liées à la valorisation? Comment acheminer ses coproduits ? Quel marché ? Comment collaborer avec d’autres entreprises ? Quel nouveau business modèle adopter ?

    Lors de cette rencontre-conférence, trois acteurs de la filière actifs dans la valorisation des coproduits vous présenteront leurs projets et tenteront de répondre à toutes ces questions.