Orateur(s)
Pierre Frankignoulle (Architecture - ULiège), Jacques Teller (LEMA - ULiège) et Yves Winkin (Anthropologie-sociale - ULiège)

La mobilité à l’ULiège, comment amener le changement ?

Résumé

Nous nous intéressions ce midi à la problématique de la mobilité sur le domaine universitaire. Pour aborder cette réflexion, une fois n’est pas coutume : c’est au cœur d’un des bâtiments historiques du campus du Sart-Tilman que nous avions fixé rendez-vous à nos participants. Ceci n’aura pas manqué à certains de relever les difficultés de parking et d’accès du lieu…

 
Trois intervenants, fins observateurs de l’évolution de la mobilité et des relations entre la ville et son campus universitaire se sont succédés pour évoquer un passé, la situation présente et quelques scenarios d’avenir…
 
Pierre Frankignoulle (Architecture - ULiège) a débuté la séance en évoquant le choix de l’implantation historique de l’Université de Liège dans les années 60 sur le domaine du Sart-Tilman et en soulignant que son plan d’implantation tenait fortement compte des caractéristiques exceptionnelles du site.
Dès son origine, le Sart-Tilman a été conçu comme un quartier complémentaire à la ville et non comme une ville en soi (au contraire du complexe de Louvain-la-Neuve notamment).
Nous retiendrons également de son exposé que toute l’histoire de l’implantation au Sart-Tilman est celle d’un fin dosage entre l’habitat (à développer) et le cadre paysager (à préserver) et que la question complexe de la mobilité et des infrastructures n’en est qu’un des corollaires.
 
Jacques Teller (LEMA - ULiège) a pris la relève des propos de Pierre Frankignoulle en insistant lui aussi sur la relation teintée de complexité entre le centre-ville et l’activité universitaire développée au sud, sur sa colline.
On peut se demander : la localisation du site universitaire était-elle bien justifiée ? Etait-il bien raisonnable, finalement, d’envisager de déplacer tant de jeunes et de patients (pour le CHU) vers la colline ?
 
Selon le Professeur Teller, oui. Le Sart-Tilman, seul pôle économique de la zone sud, a certainement sa place en terme d’équilibre spatial de ce côté-là de la ville.
Mais les particularités d’un site universitaire (de jour) justifierait que l’on développe d’autres facteurs d’attractivité pour l’urbaniser réellement, le rendre viable en dehors des heures de cours. Il a également évoqué l’opportunité que représenterait le fait de valoriser autrement le foncier et d’accueillir, sur le campus même, des entreprises qui mixeraient à nouveau la population et par-là, permettraient le développement d’un nouveau pan économique sur le campus (mutualisation d’espaces de consommation, de lieux de vie,…).
 
Nous retiendrons, entre autres, de son intervention, que lutter contre la mobilité (et en particulier l’autosolisme) amène à de nombreuses actions (depuis le télétravail jusqu’aux cours à distance en passant par une ingénierie au niveau des horaires,…).
Report modal, intermodalité ont rythmé son exposé étayé de nombreuses illustrations des plans reliant (mal) la ville au Sart-Tilman (en bus notamment). Et de plaider pour la priorité des priorités que constitue, selon lui, la liaison qui relie, en bus, la Place St-Lambert et le domaine du Sart-Tilman.
 
Enfin Yves Winkin (Anthropologie sociale – ULiège), a clôturé la séance en évoquant 3 scenarii d’avenir improbables ou « dystopies ».
Une université qui, s’appauvrissant, toujours doit déménager entièrement au centre-ville, densifiant considérablement la ville. A l’inverse, afin de mettre un terme à l’éclatement actuel : le déménagement vers un « tout » au Sart-Tilman. Dès lors, téléphérique, tramway et navette fluviale sont remis à l’ordre du jour.
Et enfin, la scission d’une université, coupée en 2, entre les Facultés pauvres (où faute de professeurs, les MOOCs prennent le dessus) et les riches (dotés de lourds équipements sur le campus). Si aucun de ces scenarii n’est envisageable, ils présentent l’avantage de nous faire réfléchir et d’opter pour des solutions modérées.
 
L’échange qui a suivi avec la salle, animé, aura pointé la nécessité pour l’Université de se faire entendre, notamment dans ses rapports avec la Ville. Mais il aura également permis de rappeler que la mobilité n’est jamais seule et qu’elle est nécessairement inclue dans des systèmes politiques. Alors… faut-il crier un peu plus ? Créer aussi… un peu plus… C’est ce que nous avons proposé à la vingtaine de participants qui ont pris part à l’atelier de l’après-midi. Lors de ces 2 heures, les participants étaient invités à aller «un pas plus loin» dans la réflexion en réfléchissant, d’une part, aux incitants qui poussent au changement et en proposant, d’autre part, des pistes d’actions à mettre en place pour favoriser le changement de comportement de la communauté universitaire en termes de mobilité.

 

Découvrez ci-dessous les slides de la présentation :