Orateur(s)
Didier Cataldo Professeur (Faculté de Médecine, ULiège) & Pneumologue (Service de Pneumologie-Allergologie, CHU)
Laetitia Clémaron R&D Manager (Valeo)
Dr.-Ing. Mustapha Belhabib Engineering Supervisor - Electric vehicles

Pollution atmosphérique : comment le secteur automobile innove-t-il pour préserver la santé des passagers ?

Résumé

Le changement climatique, qui est l’une des plus grosses menaces pour l’humanité, ne peut être dissocié de la pollution de l’air. Les activités humaines, depuis le début de l’ère industrielle, ont modifié la composition de l’atmosphère en y introduisant différents gaz, dont le CO2, qui est associé aux changements climatiques.

La conférence de ce midi avait pour objectif de mettre en lumière la problématique de la pollution de l’air, qui est l’une des causes principales de millions de morts prématurées (l’OMS estime à 7 millions le nombre de décès imputables à la qualité de l’air), et de se pencher sur les efforts du secteur automobile pour améliorer la qualité de l’air à l’extérieur et à l’intérieur des véhicules.

Ces efforts ont permis de réduire de moitié la pollution liée au transport routier ces 15 dernières années mais, malgré ceux-ci, force est de constater que l’on reste loin des exigences de la santé traduites par les recommandations de l’OMS.

En introduction à la conférence, le Professeur Pierre Duysinx, Vice-Recteur à la mobilité, a rappelé l’existence de la Chaire Valeo, Chaire d’innovation « santé, bien-être » dans les véhicules, en soulignant l’importance des recherches transdisciplinaires pour faire face aux défis majeurs auxquels notre société fait face aujourd’hui.

Ainsi, cette conférence était encore l’occasion de rappeler notre volonté, à LIEGE CREATIVE de créer les espaces d’échanges entre les disciplines.

Le premier intervenant, le Professeur Didier Cataldo (Faculté de médecine - ULiège et Service de pneumologie-allergologie, CHU Liège), a illustré la problématique en montrant les effets de la pollution atmosphérique sur la santé, en général. Il a également rappelé la nature des différents polluants, qu’il convient de répartir selon leur nature en gaz et en particules.
Parmi les gaz polluants toxiques, on peut citer le NO2 (issu à 40% du transport et à 21% de l’énergie), le SO2, et très certainement l’ozone (polluant secondaire produit avec les UV) ; chacun de ces gaz ayant différents effets néfastes sur la santé.
Au cours de son exposé, le Professeur Cataldo a étayé les corrélations directes entre zones polluées et troubles sur la santé.  

Après ces constats, nous nous sommes intéressés aux solutions développées par le secteur automobile pour améliorer la protection des passagers contre la pollution de l’air et ce, dans un contexte où la pandémie de Covid-19 a aussi accéléré les exigences des clients en matière de qualité de l’air contre les biocantaminants.

Laetitia Clémaron (R&D Manager, Valeo), a présenté les dispositifs développés par Valeo pour, notamment, mieux anticiper les pics de pollution : le Pôle Systèmes Thermiques de Valeo a conçu des capteurs de qualité de l’air fiables et robustes.
Elle a mis en exergue deux capteurs sur lesquels Valeo travaille plus particulièrement :

  • PM 2.5 : cette solution permet de mesurer la pollution à l’intérieur des véhicules et sert aussi de cartes de pollutions (comme un système embarqué) ;
  • AQS : positionné en entrée d’air des véhicules, il détecte un niveau de pollution global.

Elle a ensuite passé en revue les gammes de filtres développés pour capter les différents types de gaz et particules ; parlant notamment du haut niveau d’efficacité de la filtration HEPA.
Sa présentation s’est terminée par la partie « désinfection », démontrant la spécificité et l’efficacité de chaque filtre sur les polluants.

Enfin, Mustapha Belhabib (Engineering Supervisor - Electric vehicles), qui a consacré une large partie de sa carrière, chez FORD, à travailler sur la réduction de la pollution des moteurs, a clos les présentations en réaffirmant que les efforts consentis sont nombreux mais qu’ils seront toujours insuffisants pour les véhicules thermiques. Il a également tenu à pointer la problématique spécifique de la pollution excessive de l’air sur les axes routiers (où il y a pourtant de l’habitat et/ou de l’agriculture), et de plaider pour une meilleure communication sur les avantages des voitures électriques, dénonçant trop de désinformation à ce sujet.

À ses yeux, l’électrification est la solution ultime pour les émissions liées au transport ; l’interdiction de production de véhicules thermique à partir de 2035 est un acquis vital pour les futures générations.
En attendant l’électrification généralisée et le renouvellement total du parc des véhicules thermiques vers 2050, il a émis ces recommandations :

  • Les Filtres hautes performances doivent être un standard sur les véhicules (remboursement pour les véhicules électriques ?) ;
  • La circulation en zone urbaine des véhicules polluants doit être limitée ;
  • Le rétrofit Électrique intelligent (Électrification partielle/hybridation pour la circulation en ville) doit être encouragé ;
  • Les effets de la pollution sur les abords routiers et les champs agricoles environnants sont mal connus ;
  • Une étude est nécessaire pour cerner cette problématique et établir une zone de sécurité alimentaire.