
La valorisation des compétences au service des "Territoires zéro chômeur"
Résumé
Depuis 2016, l’expérience Territoires zéro chômeur de Longue Durée développée en France propose à tout chômeur de longue durée qui le souhaite, un emploi à durée indéterminée en développant des activités utiles pour répondre aux besoins des entreprises locales.
En quoi ce modèle peut-il être inspirant ? Comment concilier les compétences des personnes qui se trouvent sur le marché de l’emploi avec la création de nouveaux métiers à venir ? Quelles sont les opportunités à saisir et les freins à identifier face aux enjeux de demain ?
Héléna Sadzot, Chargée de recherche à HEC ULiège, commença par rappeler l’histoire et le rôle sociétal de l’économie sociale. On peut le résumer en la capacité historique d’identifier les besoins sociaux non couverts et à inventer de nouvelles formes d’entreprendre pour y répondre. Cela concerne plusieurs domaines : les services aux personnes, l’insertion, le développement territorial, les services à l’environnement, …
On remarque que certaines pratiques sont transversales et liées aux « Territoires zéro chômeur » :
- Interaction et écoute des besoins de nombreuses parties prenantes
- Ancrage fort au territoire
- Mixité des ressources,…
Les « Territoires zéro chômeur » permettent d’offrir aux personnes fragilisées un emploi porteur de sens avec des tâches valorisantes à effectuer pour ainsi rendre ces personnes actrices de cette transformation. L’économie sociale est un bon moyen de se mettre au service d’un changement socioéconomique.
En Belgique, la transition vers le bas carbone pourrait mener à une création nette de 80.000 emplois en 2030 dans les secteurs suivants : services, construction, industrie manufacturière, transport, agriculture, ... Nous serons donc amenés à nous questionner sur les rôles et sur les impacts des entreprises.
En France, en 2018, 140.000 personnes exercent un métier vert et 3,8 millions un métier verdissant.
Julien Bebronne, coordinateur du projet « A place to Be-Come », a ensuite expliqué pourquoi la ville de Seraing s’est lancée dans le dépôt de candidature du projet des « Territoires zéro chômeur ».
Si nous partons du principe que personne n’est inemployable, que tout le monde a du potentiel, que le travail ne manque pas et que ce n’est pas l’argent qui manque, les perspectives d’avenir deviennent florissantes.
Actuellement, les montants du chômage coûtent chers à la sécurité sociale. Tous les frais qui en découlent au niveau des soins de santé, de la famille ,… pourraient être recentrés vers une resocialisation par le travail.
L’objectif de l’expérimentation est donc de recruter les « personnes privées durablement sans emploi » pour mobiliser leurs savoir-faire et leurs compétences dans le cadre d’activités socialement utiles. La base de cette démarche repose sur la volonté de chacun à s’engager dans les projets. Les comités locaux sont donc essentiels pour cibler les bonnes personnes à mettre aux bons endroits. L’entreprise Emerjean, du quartier Saint-Jean de Villeurbanne, située près de Lyon, est d’ailleurs nommée à titre d’exemple. Cette expérience française nous permet d'analyser l’impact positif sur un territoire et sur les quartiers. Les gens retrouvent du lien social, le pouvoir d’achat augmente, la relation familiale s’améliore, …
En ce qui concerne Seraing, un appel à candidature a été lancé et une somme de 4 millions d’euros a été demandée. L’Arebs a l’ambition d’être « Lead partner » du projet si elle le remporte. L’Arebs pourra s’appuyer sur l’écosystème sérésien déjà en place, principalement autour du projet « A place to Be-Come » pour créer des synergies entre les parties prenantes et ainsi valoriser la transversalité des acteurs sur un même projet. Les pistes d’action déjà recensées permettront d’animer au mieux les comités locaux de l’emploi. De nouveaux modes d’empowerment pourront être testés.
Il faudra néanmoins rester vigilant quant à la rivalité des territoires ainsi qu’à la clause de non concurrence qui consiste à ne pas créer une filière qui existe déjà. Il faut également savoir qu’en Belgique, il est impossible de créer de nouvelles structures. Il est donc nécessaire, pour les potentiels travailleurs de rentrer dans le cadre existant.
Retrouvez ci-dessous les présentations de cette rencontre :