Orateur(s)
Aurore Fanal Research Assistant - PhD Candidate (Gembloux Agro-Bio Tech, Biodiversity & Landscape Unit - ULiège)
Vincent Lang Research Manager (Schréder)

Éclairage intelligent et respect de la biodiversité

LIEGE CREATIVE in Plug-R
Résumé

La rencontre de ce midi a démarré avec une introduction [2:34] du projet Interreg Smart Light Hub par Elisa Moulu, chargée d'organisation et d'animation d'évènements dans le cadre du projet pour l'Université de Liège. Ce projet a, entre autres, pour objectif de faire du territoire de la Grande Région un espace de démonstration de bonnes pratiques visant à limiter les impacts de la pollution lumineuse sur la biodiversité.

[7:43] Aurore Fanal, doctorante et assistante dans l'Unité Biodiversité et Paysage de Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège), a ensuite partagé les constats de nombreux scientifiques et associations de protection de la nature quant à l’impact de l’éclairage urbain sur la faune. Nous vivons dans une zone très impactée par l’éclairage ; en effet, 99% des Européens vivent sous un ciel artificiellement lumineux !

Quand on parle de pollution lumineuse écologique, on parle d’une lumière artificielle qui dégrade les cycles de la lumière naturelle, modifie la composante nocturne de l’environnement (l’illumination du milieu) et qui, en conséquence, impacte les comportements, les rythmes biologiques et les fonctions physiologiques des organismes vivants, ainsi que les écosystèmes.

Contrairement à l’homme qui est une espèce diurne, la faune nocturne est adaptée à la vie dans le noir. L’éclairage nocturne impacte donc inévitablement cette faune sauvage. Attraction à la lumière ou évitement de celle-ci, cycle circadien perturbé sont autant d’effets néfastes observés et que Aurore Fanal a illustrés au travers de la réaction de certains groupes d’animaux par rapport à la lumière. La flore est concernée, elle aussi, la pollinisation des plantes se faisant majoritairement pendant la nuit.

La biodiversité est donc bel et bien menacée par la pollution lumineuse. Heureusement, elle est réversible : des solutions existent, et des initiatives inspirantes voient le jour en Belgique et ailleurs.

Par exemple, le concept de trame noire ou étoilée, corridor écologique qui se superpose aux autres trames d’habitats visant à préserver les territoires (trame verte et bleue). La trame noire vise à prendre en compte la dimension temporelle (alternance jour/nuit) qui était absente jusqu’à présent dans la trame verte et bleue. En effet, quand on réfléchit pour créer un réseau écologique, on doit identifier les obstacles aux continuités écologiques provoqués par la fragmentation de l’éclairage nocturne en plus de ceux provoqués par la fragmentation des infrastructures physiques.

Pour conclure son intervention, et après avoir donné quelques recommandations et exemples, Aurore Fanal a expliqué que le maitre mot pour réduire la pollution lumineuse était la sobriété lumineuse.

[30:11] Vincent Lang, responsable R&D chez Schréder, entreprise liégeoise développant des éclairages publics, a quant à lui abordé les solutions technologiques permettant de conjuguer rues bien éclairées et ciel nocturne. Selon lui, l’éclairage est un éternel compromis entre Énergie, Économie, Nature et Humain. En effet, on éclaire pour l’Humain ; pour assurer sa sécurité contre la criminalité, pour les utilisateurs sur les routes et dans les centres villes, pour l’impact social et émotionnel généré, la mise en lumière du patrimoine...

Or, cet éclairage a un impact négatif sur la faune et la flore, pollue le ciel étoilé pour les astronomes et peut nuire au confort en cas de lumière intrusive. Aussi, l’éclairage coute de l’énergie et a donc un impact économique. La préservation de la nature doit être prise en compte et il possible de faire mieux que ce que l’on fait aujourd’hui grâce aux possibilités techniques que l’on a pour optimiser l’éclairage :

  • La maitrise de la distribution lumineuse ;
  • La temporalité ;
  • La qualité de la lumière ;
  • La quantité de lumière ;
  • La puissance.

Des exemples de réalisations alliant plusieurs de ces aspects techniques ont été partagés, ainsi que leurs aspects positifs respectifs ; la station de ski et le village de La Mongie, le tramway de Grenoble, un piste cyclable dans un parc en Pologne, le pont Rijkswaterstaat ‘bat friendly’ aux Pays-Bas. La trame noire de Lille est un exemple combinant tout ce qu’on a à disposition technologiquement, en fonction des scénarios programmés, et ayant des impacts positifs tant sur la sécurité, la criminalité, l’aspect social et la faune.

Vincent Lang a terminé sa présentation en concluant qu’il n’y avait pas de solution magique et qu’il fallait trouver la bonne combinaison entre les nombreux outils que nous avons techniquement à disposition, avec l’aide des scientifiques et de pouvoirs locaux, pour un compromis optimal entre Énergie, Économie, Nature et Humain.

La rencontre-conférence s’est prolongée par un atelier de réflexion pour échanger sur des solutions alternatives en matière d'éclairage respectueux de l'environnement, pouvant alimenter le projet Smart Light Hub.

Retrouvez ci-dessous le replay et les slides de la rencontre :