Construction bois : comment conjuguer innovation et durabilité

Cette conférence avait pour but de présenter les enjeux de l'innovation et de la durabilité dans la construction bois. Les intervenants étaient Jean-François Rondeaux, R&D Expert chez Buildwise et Maître de Conférence Invité à Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège), Tom De Mil, Chargé de Cours à Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège) & Co-Chef de File de l’IIS Valbowal, Florence Daube, Administratrice d’Hélium3 Architectures, et Valery Constant, Responsable de Projet chez Fabribois. 

Le constat initial est que, malgré ses nombreux avantages environnementaux et pratiques (légèreté, stockage du CO2, renouvelabilité), la construction bois en Belgique stagne depuis 2011. Ce blocage est principalement dû à plusieurs freins techniques : la difficulté à garantir l'étanchéité à l'eau (le bois étant très sensible à l'humidité), la crainte du feu, les problèmes acoustiques et vibratoires liés à sa légèreté, ainsi que le manque d'inertie thermique.

Pour surmonter ces obstacles, la conférence a articulé l'avenir du secteur autour de cinq axes d'innovation, croisant les expertises de la recherche, de la conception et de la fabrication.

Le premier axe concerne l'utilisation de bois durable et la gestion forestière. Tom De Mil, expert en foresterie, a rappelé que le bois fait intrinsèquement partie de la solution au changement climatique, car les forêts séquestrent du CO2 et l'utilisation de bois dans des bâtiments pérennes stocke également le CO2. L'enjeu est d'optimiser la gestion forestière et d'améliorer les rendements de transformation. Sur le plan entrepreneurial, Valery Constant a illustré cet engagement en soulignant que Fabribois, entreprise familiale spécialisée dans la menuiserie, privilégie les labels FSC et PEFC, et travaille avec des bois de culture comme l'Eucalyptus Red Grandis certifié Urufor, qui ne résulte pas de la déforestation tropicale. L’entreprise a également développé le label « Menuiserie Durable » pour valoriser les pratiques écoresponsables (énergie, recyclage des chutes).

Les deuxième et troisième axes sont la préfabrication et l'industrialisation, et la modularité. La légèreté du bois permet la préfabrication en atelier d’éléments 2D, 3D ou même de modules complets. Cette approche permet de pallier le manque de main-d’œuvre sur les chantiers, d'assurer une rapidité d'exécution et, surtout, d'offrir une meilleure maîtrise des détails techniques d'étanchéité et des assemblages, indépendamment des conditions météorologiques. Florence Daube, du bureau d'architecture Hélium3 qui cherche à générer du bien-être et à réduire l'impact environnemental, notamment via l'utilisation maximale de matériaux biosourcés et une performance énergétique élevée, a présenté plusieurs cas d'utilisation de l'ossature bois 2D (associée à des isolants biosourcés comme la cellulose ou la fibre de bois, l’ossature bois pouvant être mixée avec du métal ou du béton) et de modules 3D, qui arrivent sur chantier comme des "containers" et dont le montage se fait très rapidement. Jean-François Rondeaux a ajouté que la préfabrication et la modularité permettent également d’implanter le bois dans des projets à grande échelle et reproductibles, citant l’exemple des modules scolaires.

Le quatrième axe s'articule autour de nouveaux matériaux comme le panneau CLT (Cross-Laminated Timber). Le CLT est valorisé car, étant constitué de bois massif, il apporte une masse et une inertie au bâtiment. Il s'agit d'un système porteur qui est aussi étanche à l'air et peut faire office de finition intérieure. Bien que le CLT gagne en popularité, Jean-François Rondeaux et Tom De Mil ont souligné que sa fabrication nécessite beaucoup de colle et consomme beaucoup de bois de haute qualité. C’est un produit "hyper transformé". Dans un autre registre, Fabribois explore des bois modifiés, comme le Pin Sylvestre thermotraité qui, en étant chauffé à haute température, devient très stable dimensionnellement car l'eau est retirée de son cœur, améliorant ainsi sa durabilité.

Le cinquième axe d'innovation vise à développer des systèmes constructifs utilisant des matériaux plus proches de leur état naturel, notamment via l'utilisation de grumes. Jean-François Rondeaux a détaillé les recherches menées par Buildwise sur des ossatures en grumes entières, assemblées uniquement par des assemblages bois-bois, comme des queues d'aronde. Ces systèmes, rendus réalisables par des robots capables de découper les grumes non uniformes avec une extrême précision, permettent de maximiser les performances structurelles et environnementales en conservant le bois dans sa forme naturelle. Florence Daube a présenté un projet expérimental utilisant des grumes coupées en deux et remplies de paille, où les grumes brutes servaient de finition intérieure et extérieure.

En complément des axes développés, Valery Constant a rappelé l'évolution des châssis, dont les sections ont dû être augmentées pour répondre aux exigences des normes PEB (de 58 mm à 109 mm pour le passif). L'innovation clé pour Fabribois réside dans les châssis bois-aluminium. Ces derniers, utilisés massivement en Allemagne, mais moins en Belgique, sont conçus avec un capotage aluminium complet et des joints d'étanchéité, empêchant l'eau de pénétrer et d'attaquer le bois. Fabribois a aussi fait certifier ses châssis en bois pour une résistance au feu (RF 1 heure), prouvant la performance et la sécurité du matériau.

En conclusion, Florence Daube a souligné que la solution la plus efficace réside dans la mixité des matériaux et des techniques. L'utilisation du bon matériau au bon endroit, en combinant les cinq axes d'innovation, est la voie pour l'avenir de la construction durable.

Ce compte-rendu a été rédigé avec l’aide de l’IA.