Bilan carbone, comment en faire un bilan positif pour son entreprise ?

Toutes les organisations, en particulier les entreprises, sont de plus en plus concernées par la problématique climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette rencontre s’est concentrée sur une méthode particulièrement efficace pour réaliser son bilan d’émission de gaz à effets de serre (GES) ; la méthode Bilan Carbone.

[04:00] Joseph S. Smitz, membre du Conseil d'Administration de l'Association Bilan Carbone® & titulaire du Cours "Bilan Carbone®" (Executive HEC-Liège) a débuté la conférence en nous exposant les fondements théoriques du bilan carbone. Après une mise en contexte sur les objectifs à atteindre en matière de réduction des émissions de GES, il a donné les raisons et motivations à effectuer un bilan d’émissions de GES. Dans certains pays, dont la France, ce bilan est déjà obligatoire pour toute entreprise au-dessus d’une certaine taille. De plus, il existe aujourd’hui une demande des clients et des institutions financières et d’investissement. En plus de donner une certaine image de marque, le bilan carbone augmente l’attractivité d’une entreprise auprès des collaborateurs ainsi que sa valeur. Réaliser son bilan GES permet en définitive de transformer des contraintes en opportunités.

[07:41] Joseph S. Smitz a ensuite expliqué quels GES sont pris en compte et comment on effectue le calcul de quantité de GES émis pour chaque gaz, en équivalent CO₂. Les principes de base de la méthode pour réaliser un bilan GES sont établis par le GIEC et applicables mondialement. La méthode est normalisée par la norme ISO 14064 qui reprend toute une série d’exigences comme, entre autres, définir un principe temporel (souvent 1 an) et ses sources d’émission. Le périmètre de ces sources d’émission reprend les émissions directes (sources détenues et contrôlées par l’entreprise), indirectes (énergies importées comme l’électricité) et d’autres sur lesquelles l’entreprise n’a qu’une influence indirecte, comme le transport, l’utilisation des produits fabriqués… Pour réaliser un bilan d’émission GES, il faut aussi développer un modèle de quantification adapté.

[15:35] La méthode Bilan Carbone a été mise au point par ADEME (France) à l’initiative de Jean-Marc Jancovici et sa dernière version date de 2018. Il s’agit d’une méthode mais surtout d’outils (tableur Excel, base de références, manuels) et de formations certifiantes (bientôt à l’ULiège). Joseph S. Smitz nous en a présenté les différentes étapes de mise en œuvre, la séquence des opérations et les actions à mettre en place après le Bilan Carbone (par exemple, un plan de réduction). Il a conclu en soulignant les avantages d’utiliser cette méthode, en particulier : elle est généraliste, standardisée, très utilisée en Europe et compatible avec la norme ISO 14064, possède des outils performants, donne automatiquement une estimation d’incertitude sur ses résultats et permet de construire facilement un plan d’action pour les petites, moyennes et grandes entreprises.

[27:55] Delphine Pirard, titulaire d’une maîtrise Spéciale en Management Environnemental (HEC-Liège) nous a ensuite présenté le cas d’application pratique de CooperVision, entreprise fabriquant des lentilles de contact et de solutions d’entretien qui possède un centre de distribution à Liège. C’est ce centre de distribution qui a précisément décidé de faire son Bilan Carbone ; il souhaitait pouvoir mesurer leur empreinte et l’objectiver avec des données afin de baser leur stratégie sur des données factuelles pour mettre en place actions efficientes.

[32:06] L’oratrice a ensuite détaillé les grandes étapes de réalisation du Bilan Carbone de CooperVision Liège :

• Définir des périmètres d’activités, de déclaration et temporels, incluant une cartographie des flux (en prenant en compte aussi bien les énergies que le matériel d’emballage et sa fin de vie, le déplacement du personnel…) ;
• Lister les données à collecter (et leurs unités de mesures) et les personnes à contacter ;
• Informer et sensibiliser les personnes concernées ;
• Collecter et traiter les données ;
• Entrer les données dans le tableur Bilan Carbone
• Interpréter les résultats et faire des recommandations ;
• Présenter les résultats (aux personnes concernées ou à toute l’entreprise).

Pour CooperVision, l’ensemble des étapes a pris environ 4 mois. Ils ont pu constater que plus de 50% de leur émissions GES provenaient des livraisons mais que la fin de vie des emballages était aussi importante, ainsi que les déplacements du personnel.

CooperVision a mis en œuvre des actions de réduction et les a évaluées : achat d’électricité 100% renouvelable, transfert de livraisons aériennes par la route, réduction des distances de livraison et réduction de l’utilisation du matériel de packaging. Grâce à leurs actions, ils ont obtenu la labellisation Lean & Green (piloté par Logistics in Wallonia) en juin 2021, sur base d’une réduction de leurs émissions de 23%.

[42:05] Delphine Pirard a ensuite développé les résultats et leur plus-value en termes de communication et d’image, de gains économiques, d’anticipation par rapport à de futurs exigences et d’implication du personnel et de l’entreprise vers une démarche de transition bas carbone porteuse de sens.

Pour terminer, elle nous a partagé quelques clés du succès : avoir préalablement un engagement de la ligne hiérarchique, assurer une sensibilisation des membres du personnel, communiquer en interne aux étapes importantes, initier une démarche transversale au sein de l’entreprise afin d’obtenir l’aide de tout le monde et l’implication des personnes ressources dans la collecte des données, clarifier les consignes liées à la collecte de ces données et avoir l’aide d’un accompagnant expérimenté.

Retrouvez ci-dessous le replay et les présentations de la rencontre :