Orateur(s)
Jean-Pierre Weerts Assistant (Faculté de Médecine, Sciences de l'Activité Physique et de la Réadaptation, ULiège)
Léonore Jodogne Assistante (Faculté de Médecine, Sciences de l'Activité Physique et de la Réadaptation, ULiège)
Nolwenn Lechien Coordinatrice de Projets de Promotion de Santé (Centre de Santé Intégrée des Carrières de Sprimont)

Vers une prescription de nature et d'activité physique dans les soins de santé

    Résumé

    Cette rencontre-conférence sur la prescription de nature et d’activité physique dans les soins de santé en Wallonie, s’inscrit dans le cadre de l’initiative One Health de l’ULiège, qui vise une santé globale et positive.

    Nolwenn Lechien, infirmière et coordinatrice de Projets de Promotion de Santé au Centre de Santé Intégrée des Carrières (centre médical) de Sprimont, a démarré les exposés en présentant son projet pilote de prescription de nature qu’elle a initié dans la foulée de son mémoire qui portait sur le même sujet.

    Pour poser le contexte, elle a mis en avant ces différents points : notre déconnexion à la nature, les grands enjeux écologiques et de santé publique, les nombreux défis des acteurs de la santé quant à l’importance de la nature et de changer de paradigme en santé.

    Aussi, elle a expliqué que son travail s’intègre dans le concept de “Santé Durable” qui peut se définir comme un état complet de bien-être physique, mental et social atteint et maintenu tout au long de la vie grâce à des conditions de vie saines, enrichissantes et épanouissantes et à l’accès à des ressources appropriées, de qualité, utilisées de façon responsable et efficiente.

    Le lien entre la nature et la santé existe depuis toujours (herboristerie, thermes...) mais aujourd’hui on observe une déconnexion et l’enjeu majeur est donc de reconnecter ces deux sphères.

    En effet, de nombreuses études confirment que les bienfaits et impacts de la nature sur la santé sont nombreux : sur les fonctions cognitives, les fonctions physiologiques et le fonctionnement physique, la sociabilité, la psyché et la santé mentale.

    Le fait d’être à l’extérieur (particulièrement en forêt), peu importe l’activité, fait du bien à notre santé.

    Nolwenn Lechien a ensuite cité quelques exemples de prescription de nature dans le monde (Green prescription en Nouvelle Zélande, Park prescription au Canada et aux USA, Green social prescription en Angleterre, bains de forêt au Japon...) avant d’aborder le projet pilote belge au Centre de Santé Intégrée des Carrières qui se décline en trois objectifs :

    • Développer un outil et un programme de prescription adapté aux professionnels de santé, à l’environnement et aux patients de Sprimont ;
    • Évaluer son acceptabilité et sa faisabilité à travers le vécu des professionnels de la santé et des patients, au moyen d’une recherche-action ;
    • Établir des recommandations pour la diffusion du programme et de l’outil à l’ensemble de la communauté française.

    Dans le cadre de ce projet, un carnet de prescription de nature a été développé par un comité transdisciplinaire.

    Ce carnet évolutif peut être prescrit par le médecin à la place de médicaments. Il offre un programme de 8 semaines d’activités à faire en nature, réparties en 4 types (physiques, à la maison, de découverte et sensorielles), ainsi que la possibilité de suivre le programme individuellement ou accompagné, et un calendrier d’activités en groupe.

    Ce projet est au cœur d’une étude soutenue par l’ULiège et des résultats sont attendus pour septembre, dans l’espoir de pouvoir faire évoluer le projet et essaimer la dynamique ailleurs.

    Jean-Pierre Weerts et Léonore Jodogne, tous deux assistants dans le département Sciences de l'Activité Physique et de la Réadaptation à la Faculté de Médecine de l’ULiège, ont ensuite abordé le rôle que l’activité physique peut jouer également dans cette perspective d’amélioration de la santé.

    Le milieu de la santé est un environnement propice à la promotion de l'activité physique. Aussi, il existe différentes stratégies pour les professionnels de la santé :

    • De recommandation (sur base du site de l’OMS, en fonction de la catégorie d’âge, l’objectif étant de limiter la sédentarité) ;
    • De prescription (exemple du modèle français, le médecin propose une activité adaptée aux aptitudes et motivations du patient) ;
    • D’évaluation (le médecin évalue la capacité du patient à pratiquer une activité physique et émet un certificat de non-contre-indication apparente à une activité physique et sportive) ;
    • De consultation (avec un éducateur physique, suite à une réorientation du médecin).

    Le concept de littératie physique rentre ici en compte. Il s’agit d’une approche plus holistique qui met également l’accent sur la motivation, la confiance, la compétence physique, le savoir et la compréhension qu’une personne possède et qui lui permettent de s’engager envers l’activité physique tout au long de sa vie.

    Ce concept, basé sur le modèle australien en 4 dimensions, a été choisi pour l’étude menée par le CHU de Liège et l’ULiège ;

    • De réorientation vers un programme adapté de « Sport-Santé », vrai trait d’union entre la prise en charge dans le milieu médical et un retour à la pratique d’activité physique autonome.

    Le projet « Citoyen, en mouvement pour ma santé » (anciennement « Sport après cancer. Citoyen sportif, j’agis pour ma santé »), fruit d’une collaboration entre le CHU de Liège et les villes et communes partenaires, en est un bel exemple. Il propose, gratuitement pendant 3 mois, une activité physique hebdomadaire proche du domicile des participants, encadrée par des professionnels. Il s’adresse à tout citoyen atteint d’une pathologie chronique ou aux seniors désireux de vieillir en bonne santé.

    Une des particularités du projet est d’assurer un suivi de la littératie physique via un suivi tant collectif qu’individuel.

    Les deux approches complémentaires présentées lors de cette conférence incitent à un changement de paradigme dans le secteur des soins de santé.

     

    La prescription de nature, émergeant dans de nombreux pays, consiste à prescrire à un patient du temps en nature pour améliorer sa santé. Des études confirment, chez ceux qui s’exposent à la nature, des bienfaits sur la santé physique et mentale, soulignant une réduction du stress, du taux de cortisol, du rythme cardiaque et de la tension artérielle, ainsi qu'une amélioration de l'humeur et de l'immunité.

    Le Centre de Santé Intégrée des Carrières de Sprimont, qui a décidé d'adopter cette démarche, nous partagera son projet et outil développé ; un carnet réalisé avec une guide nature proposant un programme d’activités. 

    L'importance de l'activité physique, à la fois dans la prévention des maladies et le maintien de la santé physique et mentale, n'est quant à elle plus à démontrer. Or, malgré les évidences, une bonne partie de la population mondiale demeure insuffisamment active et ne parvient pas à respecter les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé en matière d’activité physique. 

    Le contexte des soins de santé a été identifié comme un environnement important pour lutter contre la sédentarité et promouvoir cette activité physique. Deux doctorants de la Faculté de Médecine de l’ULiège évoqueront le rôle que les médecins peuvent jouer dans cette perspective, notamment en dirigeant leurs patients vers des programmes de « Sport-Santé » ou encore des projets comme « Citoyen, en mouvement pour ma santé ».

    Cette rencontre-conférence abordera, dans une optique de santé globale et positive, la prescription de nature et d’activité physique en Wallonie.

    Cet évènement contribue à l’initiative One Health de l’ULiège.