Simplifier la construction : une nouvelle ère de collaboration entre architectes et clients
Résumé
Cette rencontre-conférence avait pour objectif de faire découvrir des outils innovants pour simplifier l'ensemble du processus de la construction et le rendre plus collaboratif et efficace.
Çiğdem Yönder et Audrey Mertens, respectivement Doctorante et Assistante Doctorante à la Faculté des Sciences Appliquées, ArGEnCo, de l’ULiège, ont démarré la séance en présentant leur recherche-projet « Moi et mon architecte », visant à améliorer les interactions entre architectes et clients-usagers.
Après avoir posé quelques éléments de contexte sur le secteur de la construction et la profession d’architecte en Belgique (très répandue ; on compte 13 architectes pour 1000 habitants dans notre pays, la majorité de leur quotidien concerne des projets de logement privé), elles ont expliqué les origines de ce projet, mettant le client au centre du processus.
Une étude de 2014 a mis en évidence un taux d’insatisfaction élevé chez les clients et, en 2018, une autre étude effectuée auprès des architectes révélait que le client était dans le top 5 des facteurs compliquant quotidiennement leur vie professionnelle.
C’est suite à ces constats que le projet « Moi et mon architecte » a vu le jour, avec un pan diagnostic pour aller à la rencontre des clients-usagers et des architectes et analyser plus en profondeur les difficultés rencontrées par les deux parties dans leurs interactions.
Les entretiens effectués en deux phases avec les clients-usagers, d’une part, et les architectes, d’autre part, ont fait ressortir des challenges comme : la (mé)connaissance des responsabilités de chacun, la clarté sur ce qui est inclus dans le budget, le sur-mesure, la gestion du temps, le permis d’urbanisme, la gestion du chantier...
Une deuxième partie de la recherche est toujours en cours et consiste en trois cas d’étude de rénovation de bâti unifamilial pour suivre également les phases de chantier.
Par ailleurs, des observations et des entretiens avec des designers ont permis d’explorer les pratiques employées dans d’autres domaines pour revoir l’implication des usagers dans le processus de conception.
Sur base de ces entretiens et de revues de littérature, quelques outils ont été identifiés parmi lesquels ; la cartographie des parties-prenantes permettant de visualiser les relations entre les acteurs d’un service ou d’un système, le parcours usager pour visualiser les relations entre un service et les acteurs de ce service tout au long de sa temporalité, les sondes culturelles qui permettent d’avoir une vue sur le quotidien des usagers, la visualisation qui est l’une des stratégies majeures du processus de co-conception.
Ensuite, sur base du diagnostic et de l’exploration des pratiques de co-création en design, une série d’ateliers ont été élaborés. L’idée était de réunir des architectes et des clients-usagers autour de la table, de confirmer le diagnostic et de développer ensemble des propositions pour faciliter les interactions et la bonne entente entre les deux parties.
Les ateliers mis en place étaient de 4 types :
- Restitution et partage (pour mettre en regard des extraits d’entretiens avec les architectes, par thématique, avec leur pendant usager, voir les deux côtés de la médaille);
- Idéation et conception d’outils pour répondre aux enjeux en lien avec 5 problématiques issues de l’atelier précédent ;
- Test en agence ;
- Conférence pour découvrir un outil, le tester et l’évaluer en groupe.
Suite à ces idées, et aux pistes et aux critères convergents d’un enjeu à l’autre, l’équipe du laboratoire de recherche Inter’Act, ULiège, a développé 4 prototypes d’outils :
- Un formulaire de premier contact reprenant les grandes informations utiles à connaître en début de parcours, à remplir par le client-usager pour mettre les choses au clair lors du premier contact avec son architecte ;
- Un guide présentant un parcours générique de projet architectural ainsi que des livrets informatifs illustrant chaque étape du parcours ;
- Un quizz interactif pour sensibiliser et discuter le budget en début de processus ;
- Un “classeur” numérique pour assister la maîtrise d’ouvrage pas à pas et conserver ses idées classées phase par phase.
Dans le cadre du projet également, et pour évaluer le retour sur les outils et le processus mis en place, deux focus groupes mixtes architectes et clients-utilisateurs ont été créés pour explorer les effets transformateurs de la démarche de co-design sur les participants, en se concentrant sur leurs expériences positives et négatives, les effets à long terme, les changements de perspectives et de pratiques.
Çiğdem Yönder et Audrey Mertens ont conclu leur intervention en partageant leur souhait, pour la suite du projet de développer une plateforme digitale scale-up, comme outil digital pour faciliter la collaboration entre architectes et clients. Cette dernière permettrait la collecte des besoins du client, avant et tout au long du projet, d’intégrer les informations utiles sur le processus, les checklists et constituerait idéalement une plateforme de communication unique (au lieu des mails, appels téléphoniques...) ainsi qu’un espace de centralisation de tous les types de documents (PV, calendriers, signatures...).
Adeline Stals, architecte de formation et co-fondatrice de Airplan, a ensuite partagé le fonctionnement de cette application destinée aux architectes, créée il y a 3 ans.
Face à plusieurs problèmes grandissant dans le domaine de la construction - lourdeur administrative, complexité du processus urbanistique et coûts y relatifs, coordination pour une gestion du territoire durable et efficace...-, Airplan a été développé pour rendre le travail de l’architecte plus efficace et moins pénible en le rendant plus productif et créatif. L’outil permet de faciliter la construction en recherchant automatiquement les informations nécessaires aux demandes de permis d’urbanisme et en les insérant à la bonne place.
Adeline Stals a ensuite expliqué, au moyen d’une démo, comment l’interface Airplan fonctionne et comment l’outil, relié au portail WallOnMap, prend en charge la complexité de la récolte et de la génération des informations demandées dans les permis d’urbanisme.
Au-delà du permis d’urbanisme lui-même, l’outil offre d’autres services aux professionnels comme la génération automatique de l’étude de faisabilité, de cartes... Aujourd’hui, il compte aussi parmi ses utilisateurs, des bureaux d’études, des entreprises de bornes de recharge, des communes...
Les développements à venir ont enfin été abordés, dont une fonctionnalité pour augmenter les chances d’obtention d’un permis, l’aide à la rédaction pour les champs vides à l’heure actuelle, et le souhait, à terme, d’avoir une plateforme interactive permettant des échanges entre les différents utilisateurs.
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Quels en sont les avantages ? Une communication facilitée car les clients expriment clairement leurs besoins et les architectes visualisent mieux le projet. Des démarches simplifiées, car le permis d'urbanisme est automatisé, réduisant les délais et les coûts. Un processus optimisé dans son ensemble, offrant un meilleur rapport qualité-prix et donc un gain de temps et d'argent. Une transition énergétique accélérée, grâce à des outils qui encouragent les rénovations et contribuent à un bâtiment plus durable.
Cette rencontre-conférence sera l'occasion de découvrir les outils développés par l'ULiège ainsi que le logiciel Airplan qui répondent à des besoins complémentaires, couvrant ainsi l'ensemble du processus de construction.
Des innovations qui peuvent transformer les projets de construction !