Pourquoi et comment développer la biodiversité dans la stratégie des organisations ?
Résumé
Sylvain Boisson (Expert Biodiversité et Solutions Fondées sur la Nature et Co-Fondateur de VIVUS Nature, Spin-Off de l’ULiège) a démarré la rencontre-conférence en rappelant les fondements de la biodiversité et ce qu’elle nous apporte. Il a tout d’abord introduit la notion-clé de fonction écosystémique et partagé le constat inquiétant de l’effondrement actuel de la biodiversité… Un constat scientifiquement prouvé dont les causes sont bien identifiées. Notre occupation du territoire (et notamment l’artificialisation des sols), les pratiques agricoles, la pollution, l’exploitation intensive des ressources, le changement climatique (accélérant les risques d’extinctions massives) comptent parmi les raisons du déclin constaté.
Nous comprenons aussi aujourd’hui que la biodiversité est un ensemble interconnecté et qu’ainsi, en modifiant le paysage quelque part, on impacte nécessairement ailleurs.
Au vu des différents constats alarmants (liant biodiversité, climat et nous dans une boucle négative), il est temps de passer d’un scenario catastrophique à un autre, en misant sur la régénération.
Les solutions fondées sur la nature sont basées sur les services rendus par la biodiversité. Citons par exemple les Services d’approvisionnement (nourriture, fibre, bois, molécules pharma, …), les Services de régulation (comme la pollinisation, l’eau, …), les Services culturels (détente, loisirs, …) ou les Services de support (photosynthèse, …). Notons aussi que les écosystèmes nous relient, résolvant aussi des problématiques de lien sociaux et qu’il s’avère passionnant d’explorer les « super-pouvoirs » de la nature (voir les capacités inédites de la faune et de la flore).
Les solutions fondées sur la nature s’appuient sur les bénéfices que peuvent fournir nos écosystèmes ou la biodiversité en général.
8 critères sont définis par l’UICN :
- Répondre à des enjeux sociétaux
- Prendre en compte l’effet d’échelle
- Rendre des bénéfices à la biodiversité
- Économiquement viables
- Reposer sur une bonne gouvernance
- Être adopté par les parties prenantes
- Gérer de manière adaptative avec monitoring
- Contribuer à des objectifs internationaux
Après cette discussion introductive, Lucas Gossiaux (Fondateur associé de PlantC) a contextualisé la problématique par rapport au secteur de l’entreprise. Pourquoi les entreprises doivent-elles s’emparer du sujet ?
Tout d’abord, parce que les entreprises, on le sait, de part leurs activités, contribuent évidemment aux impacts négatifs constatés sur la biodiversité.
Mais il est possible de mettre en évidence d’autres raisons qui rendent de plus en plus évident que les entreprises agissent en faveur de la biodiversité :
- C’est un enjeu d’attractivité pour le personnel (pour retrouver un sens au travail ; le faire à travers la biodiversité a un sens ;-)
- Les certifications sont de plus en plus nombreuses
- Les marchés publics incluent de plus en plus de clauses environnementales
- Pour l’accès au financement (ESG)
- C’est aussi un enjeu règlementaire de plus en plus important avec la CSRD (obligation de reporter sur la biodiversité, imposant du reporting sur toute la chaîne de valeur, par ruissellement).
Ainsi et avec un retard de 10 à 15 ans sur le sujet « climat », on se rend compte aujourd’hui que la problématique « biodiversité » prend une ampleur de plus en plus importante dans le secteur économique.
Lucas Gossiaux a d’ailleurs démontré à travers plusieurs exemples évidents dans quelle mesure les entreprises dépendent profondément de services écosystémiques rendus par la nature. Imaginons par exemple si les sols ne pouvaient plus filtrer les eaux... Que se passerait-il ? Il est démontré que 72% des entreprises dépendent au moins d’un service écosystémique.
Même le secteur financier s’empare aujourd’hui de ces enjeux.
Eau, tourisme, life sciences, assurances, secteur agro, et tous les secteurs qui se sourcent en matière naturelle, … on le voit, ils sont rares les secteurs qui pourraient se dire « non concernés » par la biodiversité.
Regardé sous l’angle des opportunités, le vivant peut également ouvrir à un champ d’innovation et nous inscrire dans une stratégie d’adaptation. Lucas a pu mettre en évidence des exemples d’ajustement de business model éco-innovant.
Pour clôturer les échanges, nos 2 intervenants ont insisté sur l’importance de la méthodologie à suivre pour entamer une démarche vertueuse en faveur de la biodiversité, avec la possibilité de poser des indicateurs rendant les actions mesurables.
Et de souligner, surtout, l’importance de bien réfléchir à son projet en ayant posé un juste diagnostic. Ce qui distingue en effet une action de greenwashing d’une action vertueuse, c’est l’approche ! Quand un projet se met en place, il faut voir comment celui-ci interagit avec son environnement.
Ainsi faut-il penser et utiliser la biodiversité pour résoudre des problèmes dans une stratégie durable, globale et long terme.
Annonce
Le changement climatique et ses conséquences nous poussent à revoir nos fondamentaux autour du monde vivant. Au-delà des simples conscientisations sur la biodiversité, les entreprises sont aujourd’hui plus que conviées à passer à l’action.
Pourquoi s’intéresser à la biodiversité ? Quels sont les enjeux actuels et futurs ? Quel peut être l’impact réel des entreprises et surtout comment y arriver ?
Lors de cette rencontre-conférence, deux experts de la biodiversité vous proposeront de comprendre comment la nature peut être incluse dans le développement de stratégies des entreprises et des organisations. De la simple situation win-win à une meilleure compétitivité en passant par les obligations réglementaires, ils présenteront des solutions avec des démarches claires et structurées et des exemples concrets d’actions à la clé.