La Stratégie de la Bienveillance® ou l'Intelligence de la Coopération

Notre conférence de clôture a commencé par une introduction par Anne-Sophie Nyssen, Vice-Rectrice à l’enseignement et au bien-être et rectrice élue (ULiège), et Didier Mattivi, directeur de l’Administration de la Recherche, de l’Innovation et de la Valorisation de l’ULiège.

Juliette Tournand, auteure, conférencière et formatrice, a ensuite débuté son exposé sur le concept de Stratégie de la Bienveillance qu’elle a conçu et mis en pratique. Elle a illustré son cheminement de pensée par de nombreux exemples, dont celui de la Coupe Davis, remportée contre toute attente par Arnaud Boetsch en 1996. Pourquoi a-t-il gagné ? Soutenu par son capitaine Yannick Noah, même dans la défaite, il a joué pour ce dernier, son équipe et sa famille et a remporté le match.

Juliette Tournand s’est inspirée de « L’art de la guerre » de Sun Tzu, traité qu’on aurait aussi pu appeler « L’art du cessez-le-feu ».

Pour réussir, il faut coopérer et coopérer davantage… mais comment ? Car cela peut être risqué et on peut se faire avoir et ne plus être là pour en parler… La vraie question c’est : qu’est-ce que je peux faire pour susciter un maximum de coopération autour de moi ? Comment entretenir autour de moi un écosystème coopérant ?

La Théorie des jeux ou le dilemme itératif du prisonnier (1979, Université du Michigan) a rassemblé 16 enseignants-chercheurs dans le but de produire une stratégie, un algorithme qui énoncerait comment gagner au grand jeu des rencontres. Les participants de l’expérience avaient le choix, à chaque rencontre avec un nouvel adversaire, de coopérer ou non avec celui-ci et gagnaient des points en fonction du résultat.

Les résultats du jeu ont montré, qu’en créant de la coopération dans un système compétitif, les participants pouvaient gagner.

Quel système de forces anime la stratégie de la coopération ? Il y a en a trois : la bienveillance, la réciprocité (de bienveillance, pour lui et pour les autres) et la clarté (envers soi et envers les autres, qui équilibre l’équation).

Dans la vie, que faire quand il n’y a pas de solution existante incluant ces trois forces ? Juliette Tournand a illustré cette situation grâce à l’histoire d’un couple catholique-protestant, à Roermond au 19^ème siècle. Un protestant ne pouvant pas être enterré à l’époque dans un cimetière catholique et inversement… que faire ? Le couple a trouvé une solution ne provoquant pas la colère des deux communautés et ceci en respectant les 3 forces (bienveillance, réciprocité et clarté), et en leur rajoutant une quatrième : la liberté d’innover !

C’est la créativité qui a un sens (pas juste utilisée pour « faire autrement ») ! Et elle commence par une prise de liberté quand nous nous sentons coincés. La liberté d’innover crée un terrain pour les trois autres forces qui n’étaient pas reliées auparavant et nous donne toutes les chances de réussite.

Comment procéder ?

1. Changer de plan quand on bloque : s’arrêter et se demander « que se passe-t-il ? ». Les solutions de la Stratégie de la Bienveillance semblent difficiles à trouver mais paraissent évidentes par après.
2. Exploiter l’originalité de la situation pour trouver des solutions

Un avantage de cette Stratégie, c’est qu’elle permet de trouver une solution encore meilleure que si le problème ne s’était pas posé.

Dès que nous sommes face à une difficulté, le cerveau stimule trois réactions : la fuite, la lutte et l’inhibition. Pour le contrer, les athlètes de haut niveau utilisent le « switch mental » : regarder de l’autre côté et chercher ce que l’on ne voit pas encore… c’est-à-dire ce qui est bien, positif. On peut s’aider à switcher les uns les autres.

Juliette Tournand, pour détailler sa réflexion, s’est inspirée d’autres exemples issus de la navigation : Jean Le Cam et le Vendée Globe, Groupama 3 et le Trophée Jules Verne.

Elle a terminé sa présentation en renvoyant à ses publications pour aller plus loin et avoir plus de détails et d’exemples.

Une séance de questions-réponses a suivi la conférence dont voici quelques éléments saillants :

• La coopération, c’est le principe du vivant !
• Être bienveillant est un travail de tous les jours.
• Il ne faut pas se revendiquer bienveillant mais mettre en place des systèmes clairs, en recueillir les fruits et entretenir ces systèmes.
• L’enjeu de la Stratégie de la Bienveillance est de trouver sa place au sein des quatre forces pour avancer dans les énigmes à résoudre.