La problématique criante de l'accès aux soins de santé : des projets pilotes à Seraing

Cette rencontre avait pour but d’informer sur les différentes manières d’appréhender la problématique d’accès aux soins de santé et d'analyser, avec les participants, comment transposer certaines bonnes pratiques à Seraing.

[03:37] Marc Henrard, coordinateur du centre Mutualiste à Seraing, a introduit le propos en recontextualisant la thématique au départ des besoins récoltés sur le territoire. L’objectif étant de créer une série d’évènements (projets, démarches, formations) autour de la santé. Une première réflexion est actuellement en cours, avec la volonté d’organiser une demi journée, un forum ou une étude pour favoriser un accès égal à la santé pour tous. C’est un défi majeur à l’échelle mondiale, qui est encore amplifié par la crise du Covid-19 et par le changement climatique. Le développement de l’accompagnement de proximité et la vigilance deviennent indispensables afin d’éviter que les populations fragilisées ne fassent l’impasse sur leurs soins de santé.

Le challenge de ce forum sera donc de donner la parole au public précarisé, et de le mettre en contact avec des professionnels de la santé pour répondre aux problèmes identifiés.

[10:00] Denis Porignon, chargé de cours en santé publique à l’ULiège et fonctionnaire à l’Organisation Mondiale de la Santé, enchaîna ensuite sur la question universelle de l’accessibilité aux soins de santé. Elle varie selon différents facteurs :

1/ L’évolution d’un pays engendre un bénéfice sanitaire, notamment en termes de couverture vaccinale ou d’accès aux consultations prénatales, aux plannings familiaux… Cette amélioration induit une augmentation de l’espérance de vie à la naissance. L’approche multisectorielle au niveau des pays en est aussi pour quelque chose. Certains pays d’Afrique proposent encore une couverture sociale beaucoup trop faible à leurs habitants. Le changement doit principalement émerger d’une volonté politique ou de l’aide apportée par l’OMS qui fait de ce problème une priorité.

Cette évolution cache des disparités qui restent flagrantes entre les personnes les plus pauvres et les personnes les plus riches. Pourquoi cette évolution s’est-elle cristallisée au fur et à mesure des années dans certains pays ?

2/ On peut lier ça à la couverture sanitaire universelle et à son engagement majeur au niveau international ces 5 dernières années. Cela se traduit par une prise de conscience beaucoup plus importante des états membres, et est de plus en plus reconnu par les différents pays pour donner accès à la population à des services de soins de santé. Le modèle des maisons médicales en est un bon exemple dont les pays voisins s’inspirent.

3/ Développement des cliniques mobiles qui facilitent l’accès aux soins de chacun.

4/ Évolution de la gouvernance et la participation de la société civile à la mise en place de Forum nationaux ainsi qu’à des mécanismes qui responsabilisent et qui traduisent des choix d’orientation dans les documents de politiques de santé. Le corollaire important est bien celui de la participation des communautés et des ménages.

5/ La question du genre est au centre des inégalités. Cette question touche les femmes comme les hommes et il faut l’appréhender au niveau multisectoriel pour lui donner de plus en plus d’importance.

[23:00] Leatitia Di Maira, Directrice de l’Abri de jour « Un toit pour la nuit » a poursuivi avec l’explication du projet du Médibus qui est en cours de réflexion à Seraing. Les besoins récoltés sont le fruit d’un constat d’il y a 13 ans quand Leatitia Di Maira était encore éducatrice. Grâce aux fonds de l’Arebs, via le projet « A Place to Be-Come », un budget a pu être dégagé pour l’acquisition de ce Médibus, pour des consultations médicales et des permanences sociales. L’objectif premier sera la réinsertion sociale afin de toucher un public qui ne vient pas dans les asbl sérésiennes. Le public cible est les personnes précarisées et sans abris, notamment pour leur offrir :

• des consultations médicales et psychologiques. Cet objectif est en pleine réflexion car des moyens manquent pour mettre en place ces suivis ;
• l’accès au dépistage ;
• une permanence sociale pour les orienter vers les éducateurs qui pourront les accompagner vers les différents services adaptés à leurs besoins ;
• l’accès à des sanitaires.

Plusieurs partenaires travaillent à l’élaboration et la mise en place de ce Médibus. Actuellement, des moyens sont mis à disposition pour acquérir le bus et l’entretenir mais toute la complexité reste de trouver des volontaires qui voudront y travailler (éducateurs, assistants sociaux, infirmiers et médecins). C’est dans le cadre du comité d’accompagnement que ces réflexions évoluent pour trouver des solutions pratiques. L’innovation dans ce projet réside dans la volonté d’aller à la rencontre du public en difficulté et de le réinsérer dans le système de soins de santé.

[30:50] Pierre Finoccio, qui travaille pour le service d’urgence social du CPAS, a poursuivi l’explication de Laetitia Di Maira en présentant les besoins soulevés par le CPAS de Seraing concernant les personnes faisant la manche. Celles-ci n’avaient pas forcément connaissance des aides existantes sur le territoire (asbl…). La nécessité de douches mobiles est ressortie comme un besoin prégnant pour les personnes précarisées afin de commencer une réinsertion et faire les démarches auprès des différents services. L’idée première était de mettre des douches dans des containers mobiles et puis, quand le projet du Médibus est arrivé, ils ont décidé de jumeler leurs deux projets pour éviter le doublon d’unité mobiles sur le territoire.

Ce Médibus s’inscrira dans un dispositif d’urgence sociale à développer sur le territoire.

Retrouvez ci-dessous le replay et les présentations de la conférence :