Inspirons-nous d’un territoire en transition

Cette rencontre-conférence a permis à Francis Maréchal, adjoint au Maire de Loos-en Gohelle, de nous présenter la méthode loossoise de conduite du changement vers une ville pilote développement durable. Celle-ci s’appuie sur 4 piliers stratégiques et un socle fondateur qui structurent le code source de Loos-en-Gohelle.

1. Un socle de valeurs éthiques, culturelles et sociales du territoire

Afin de penser la transition et sa trajectoire il est important de se questionner : D’où vient-on ? Vers où allons-nous ? Quel est notre héritage de valeurs ? Dans le bassin minier de Loos, les valeurs communes identifiées sont les suivantes : le courage, la simplicité, l’humilité, le sens du travail et de la fête. Ces dernières s’inscrivent dans une trajectoire et définissent une vision commune.
Il s’agit d’une histoire claire, compréhensible qui offre des perspectives d’avenir, en sortant de la nostalgie du passé. L’enjeu est que les citoyens aient la capacité de se projeter à travers ces valeurs partagées. S’introduit la notion du récit : chacun décrit ce qu’il perçoit de la transformation du territoire (parcours d’interprétation, arbre de la mémoire…). Cette mise en récit est un outil extrêmement puissant pour faire apparaître une vision commune et structurer la transition.

2. Leadership et organisation collective

Pour conduire la transition, un leadership est nécessaire : un exécutif fort qui assume ses positions et tient le cap. Ses rôles sont une capacité à entraîner, conduire le changement, orienter une dynamique collective, ainsi qu’à affronter les résistances qu’une démarche de transition génère immanquablement. Le leadership peut être incarné par une ou plusieurs personnes issues de différents milieux (dirigeant politique, dirigeant d’entreprise, proviseur de lycée, président d’association... ) qui vont s’engager et porter la transformation. Néanmoins, il est important de noter qu’il ne fonctionne que si un collectif le soutien : des équipes capables de légitimer le discours du leader, de diffuser et porter les idées proposées. Ce leadership, précieux dans une démarche de transition vers un modèle de développement durable, ne fonctionne que s’il est coopératif, c’est-à-dire qu’il doit permettre l’émergence d’autres acteurs, de favoriser l’expression de leurs intérêts légitimes, d’accepter un mode de décision plus ouvert, ainsi qu’un exercice du pouvoir davantage collaboratif et responsabilisant. Le leader doit être reconnu par une communauté de confiance qui accepte de le suivre. L’enjeu est d’éviter les leaderships surplombants et verticaux. Afin de les éviter, il est nécessaire d’avoir recours à des dispositifs participatifs et d’intelligence collective. Les individus apportent un autre souffle, celui d’opérer un « pas de côté », d’offrir une pensée en rupture qui permet de dégager une autre vision.

3. Loos-en-Gohelle compte 4 piliers de développement qui sont ses leviers d’action :

• Un processus d’implication des habitants-acteurs : chacun peut contribuer à l’élaboration de l’action publique locale. Il est essentiel d’avoir des processus d’émergence qui créent les conditions d’appropriation et de qualification des politiques publiques par les citoyens. Leur implication permet surtout de se mettre dans l’action et de se responsabiliser. Ce type de démocratie permet aussi de restaurer la confiance des citoyens envers les autorités locales.
• Une pensée et une action systémique qui sort des silos : la ville se pense et se conçoit comme un ensemble, un système ouvert et inclusif. Il est question de développer conjointement tous les secteurs de la transition et de croiser les questions sociales, environnementales, démocratiques et économiques. Cette pensée systémique renvoie à de profonds changements managériaux : un nouvel organigramme moins surplombant et vertical, le décloisonnement, la prise d’initiative, la transversalité, etc.
• Une culture de l’innovation : la transition nécessite une confrontation à l’inconnu. Il faut oser, innover, inventer et s’adapter : « l’innovation est une désobéissance qui a réussi ». Ces démarches ne sont possibles que s’il existe une confiance entre acteurs et dans le projet : « c’est la qualité du collectif qui permet l’expression des singularités ».
• La parabole de l’étoile et des cailloux blancs : la transition est portée et conduite par le rêve et le désir, ceux-ci symbolisés par l’image de l’étoile et des cailloux blancs. Les cailloux permettent de baliser le chemin à parcourir pour que l’étoile soit atteignable. Ils permettent de pointer des succès, des victoires qui entretiennent la mobilisation. Ces symboles ont été choisis car les citoyens ont besoin de symboles et d’anecdotes qui leur parlent et qui leur permettent de se représenter les faits par l’imaginaire. La transition ne fait pas exception. Elle ne se fera pas par la morale et par la contrainte, mais bien par le désir. Il est donc important de réhabiliter le rêve en politique.

Télécharger l'enregistrement de la conférence