Innover pour une agriculture et une industrie agro-alimentaire durables. L'exemple de Farm For Good
Résumé
Donatienne van Houtryve, CEO de Farm For Good, a démarré la rencontre en évoquant la mission de la coopérative Farm For Good, qui, fondée par 4 agriculteurs en 2019, compte aujourd’hui plus de 100 agriculteurs :
«Construire des filières locales et durables qui permettent à des agriculteurs en transition de rencontrer des acheteurs qui partagent les mêmes valeurs, se sourcer localement, rémunérer l’agriculteur à prix juste, avec, à la clé un impact positif».
S’accorder sur la définition d’une agriculture durable, proposer des volumes pour changer l’offre et la pérenniser, réfléchir à l’impact sur les prix, à la sensibilisation des consommateurs … sont autant de réflexions à la base de la transition d’un modèle agricole ambitieux.
Dans le diagramme de Bill Reed (voir modèle ci-dessous), Farm For Good prône l’agriculture régénérative - une approche agricole holistique qui vise à régénérer les écosystèmes et les sols tout en favorisant la durabilité à long terme. Autrement dit : une agriculture qui rend autant au sol qu’elle lui emprunte.
Pour atteindre ce niveau d’agriculture, Farm For Good a créé un outil, véritable boussole qui se base sur 4 pôles : la rentabilité et l’efficience, les sols vivants, l’autonomie et la résiliente, la biodiversité et l’eau. Cette boussole basée sur des données permet de mesurer, de progresser et de valoriser la transition agricole.
L’idée de Farm For Good n’est pas de réinventer la roue mais de faire évoluer un marché durable existant en travaillant avec des filières industrielles et notamment sur le prix et les volumes. Ainsi, le prix est maîtrisé et l’impact social et environnemental est maximal. Pour financer cette transition, Donatienne van Houtryve évoque la nécessité que les agriculteurs bénéficient d’une prime régénérative.
Tom Desmarez, PhD Student Agro-Ecosystem Modelling à Gembloux Agro-Bio Tech, ULiège a poursuivi les exposés en posant d’abord quelques constats de contexte démontrant que les régimes alimentaires occidentaux et l’agriculture agro-industrielle qui y est associée ont des impacts néfastes sur la santé humaine ainsi que sur l’environnement. Il a ensuite présenté l’objectif de son travail qui est d’évaluer la capacité de l’agriculture wallonne à nourrir sa population. Précisément, à l’aide d’algorithmes, il étudie comment atteindre des régimes alimentaires et des systèmes agricoles durables grâce à l’optimisation de l’utilisation des terres en Wallonie.
Après nous avoir présenté les différents types de variables qu’il étudie (tels qu’une alimentation occidentale, une alimentation de type TIFA ou de Type Eat Lancet, l’agriculture biologique versus l’agriculture conventionnelle et le gaspillage alimentaire à 30 % - la donnée actuelle versus le gaspillage alimentaire à 10%) , il a partagé quelques conclusions clés auxquelles le mènent ses travaux toujours en cours :
- Les deux solutions majeures sont la transition vers des régimes sains (food system) et une agriculture durable (crop system).
- Il est possible de nourrir l’ensemble de la FWB en agriculture biologique selon un régime sain, si on optimise l’allocation des surfaces agricoles.
- La réduction du gaspillage alimentaire est un levier clé pour la transition vers des systèmes de culture moins productifs mais plus durables.
Alain Balthazart, représentant l’investisseur liégeois Noshaq qui soutient Farm For Good, a refermé la rencontre-conférence en exposant rapidement la stratégie de l’Invest pour booster le développement d’un secteur agro-alimentaire durable en Wallonie. Il a explicité que la stratégie de Noshaq concernant le secteur agroalimentaire se basait sur plusieurs constats plutôt inquiétants au niveau agricole, comme la nette diminution du nombre d’ agriculteurs ou les problèmes d’accès à la terre et un déficit de production. Il a aussi relevé que le secteur agroalimentaire, en Wallonie, est essentiellement composé de petites PME (notamment à actionnariat familial) qui peuvent être assez fragiles face aux crises à répétition. Et que dans l’ensemble, ce secteur connaissant une certaine instabilité, il y était difficile de développer une stratégie innovante en terme de durabilité (par manque de moyens à y consacrer).
A partir de ces constats, Noshaq a identifié, dans le secteur, 4 axes d’intervention : la Transformation alimentaire (augmenter la production locale), la Food Tech/Agritech, l’Agroécologie (y soutenir innovation et résilience) et la Politique de fonds de fonds.
Ainsi, à travers l’exemple de Farm For Good, Alain Balthazart a pu mettre en évidence quelques éléments clés de la stratégie déployée par l’invest dans le secteur agro : soutenir une production agricole locale et de qualité (bio & humain), reconnecter les producteurs et les consommateurs et soutenir l'émergence d'infrastructures pour permettre le développement de l'écosystème.
Annonce
L'agriculture et le secteur agro-alimentaire dans leur ensemble font face à des défis majeurs. Fragilité des systèmes agricoles, problèmes inhérents à l’industrie agro-alimentaire… les pressions s’exercent à tous les niveaux sous l’effet des multiples crises (climatique, environnementale, sociale, sanitaire…).
Cette rencontre-conférence mettra en exergue un modèle de coopérative innovant qui parvient à reconnecter agriculteurs et industriels souvent considérés comme inconciliables, en levant une série de freins.
En effet, tout en soutenant les pratiques agroécologiques, Farm For Good fait le pari de mieux rémunérer les agriculteurs qui choisissent de respecter la terre, en misant sur l’industrie alimentaire comme partenaire.
Donatienne van Houtryve présentera ce modèle vertueux et profitable pour tous les acteurs de la chaîne de valeur, aujourd’hui confrontés à de nouvelles règles du jeu, notamment concernant leurs mesures d’impacts.
Tom Desmarez étayera le propos par ses travaux portant sur l’évaluation de systèmes de culture alternatifs en Wallonie pour répondre aux besoins alimentaires de sa population à travers l’optimisation et la modélisation du territoire.
Alain Balthazart, représentant l’investisseur liégeois Noshaq, reliera l’exemple de Farm For Good à sa stratégie pour booster le développement d’un secteur agro-alimentaire durable en Wallonie.
Dans un monde où l’on a besoin de projets ambitieux et de miser sur les alliances pour une transition réussie, Farm For Good apparaît comme une initiative exemplaire pour développer des filières dignes, pérennes et durables dans le secteur de l’agro-alimentaire.