Innovations managériales et télétravail : tensions et paradoxes
Résumé
Notre rencontre-conférence avait pour objectif aujourd’hui de poser un regard sur les tensions et paradoxes inhérents aux innovations managériales, dont le télétravail. Cédric Danse, du Service de Psychologie Sociale des Groupes et des Organisations (ULiège) a débuté la rencontre en affirmant d’emblée qu’un des principes mêmes des nouveaux modèles d’organisation du travail est de travailler autour d’un principe de tension. Pour ces organisations, l’enjeu est de gérer ces tensions. Il a ensuite clarifié que celles-ci n’étaient pas que relationnelles, mais un principe même de gestion. Et d’enchainer sur une distinction importante à ses yeux : la notion de tension est profitable si on considère bien qu’elle induit un rééquilibrage permanent. Là où la notion de paradoxe est problématique, car elle suppose des incompatibilités.
À propos de ces paradoxes qui risquent de mener à des dérives, Cédric Danse a mis en exergue plusieurs couples « duelectiques » qui peuvent exacerber les tensions. Par exemple : autonomie vs. interdépendance ; esprit d’initiative vs. coercition ; stabilité vs. changement continu… Il s’agit de prêter une attention particulière aux injonctions et valeurs communiquées par l’entreprise, afin que le collaborateur puisse naviguer au cœur de celles-ci avec souplesse. Au risque, dans le cas contraire, que les situations se tendent… A la question de savoir s’il faut donc prendre le risque de se lancer dans ces nouveaux modes de management, Cédric Danse répond « oui, certainement ». Le jeu en vaut la chandelle si quelques balises sont posées. Cela suppose notamment d’introduire des mécanismes de régulation, de prôner le débat et les espaces de paroles.
Dans la foulée de l’intervention de Cédric Danse, le focus a été porté sur le télétravail par Giseline Rondeaux, Chargée de Recherche senior au LENTIC (ULiège). Au cœur de l’actualité du monde de l’entreprise, dans le contexte actuel, le télétravail n’est cependant pas neuf et les études et réflexions à son sujet sont nombreuses depuis les années 80, soulignant ses bienfaits et ses dérives.
La première tension pointée par Giseline Rondeaux porte sur la notion de visibilité. D’un côté la peur du travailleur d’être oublié et sa tendance à vouloir montrer qu’il travaille bien, et, de l’autre, le besoin des managers de contrôler le travail fourni par ses collaborateurs. Giseline a notamment développé les perceptions contrastées du contrôle managérial entre l’intrusion, le soutien, le désintérêt et l’autonomie.
A cet égard, notre oratrice recommande d’articuler les différents modes de contrôle et, surtout, d’adapter son style de management. Le rôle du manager apparait ici crucial. Les études révèlent que les difficultés liées au télétravail sont en effet davantage liées au style de management qu’aux technologies. Il s’agira notamment, pour le manager, d’adapter les modalités d’échanges et de coordination en conséquence. Et parmi les moteurs de la réussite: la confiance, encore et toujours, s’avère être un facteur-clé. Sans oublier l’intérêt de retisser du lien et de prendre en compte la notion d’équité.
En conclusion, Giseline Rondeaux a exprimé que le télétravail est à intégrer comme une évolution globale dans la stratégie d’entreprise. Les défis et enjeux sont nombreux, il n’y a pas de « best way », mais « simplement » des dispositifs à adapter au contexte de chaque organisation.
Retrouvez les slides et le replay ci-dessous :
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